L'actualité de la crise : QUEL DRÔLE DE MONDE ! par François Leclerc

Billet invité.

Objets symboliques de tous les ressentiments, les banques le sont aussi de toutes les attentions.

Au chapitre des plus délicates, il ne faut pas manquer de signaler les tests qui viennent d’être effectués aux Etats-Unis, ou ceux qui vont devoir l’être en Europe, malgré les difficultés à les mettre au point.

Les résultats des premiers sont restés très confidentiels, prétexte choisi pour autoriser les banques à verser à nouveau des dividendes à leurs actionnaires (à une seule exception). Une bonne manière qui a pour objectif de faciliter de futures augmentations de capital, faisant de celles-ci une bonne affaire pour les investisseurs.

Les seconds, en Europe, sont bien engagés pour être une nouvelle opération de communication bâclée, leur principale fonction n’étant pas de révéler la situation des banques mais de la masquer. Tous les artifices de la technique comptable bancaire seront bons pour y parvenir, nous aurons l’occasion d’y revenir.

On attend également pour demain jeudi le résultat des tests des banques irlandaises, qui va également donner lieu à un ajustement politique, dans le cadre du bras de fer engagé entre le gouvernement, la Commission et la BCE. Cette dernière ne veut pas entendre parler d’une mise à contribution des créanciers seniors mais doit néanmoins faire un gros geste, afin d’éviter que les banques irlandaises soient obligées de brader des actifs pour se procurer des liquidités, aggravant encore leur besoins de recapitalisation, auquel l’Etat n’est plus en mesure de pourvoir. Car le trou des banques irlandaises continue de s’approfondir…

A leur intention, la BCE est en train de peaufiner un nouveau dispositif de prêt, afin de remplacer un dispositif bancal reposant partiellement sur la banque centrale irlandaise, qui a pris la succession de la BCE. Celui-ci pourrait être ensuite disponible pour d’autres banques européennes en détresse, dont l’accès au marché est fermé ou très onéreux.

L’objectif suivi sera alors multiple : 1/ Continuer de progressivement refermer le robinet à liquidités auquel toutes les banques ont accès. 2/ Soutenir les banques zombies avec des prêts à moyen terme, mais désormais sous conditions. 3/ Se donner un moyen de pression supplémentaire sur les gouvernements des pays correspondants, afin de les amener à résipiscence quant à leur dette publique. 4/ Ne pas laisser tomber les banques créancières des banques zombies. Cela fait beaucoup !

Dans l’immédiat, la BCE va provisoirement poursuivre ses prêts de liquidité à trois mois. Leur volume vient même d’augmenter, signe que les banques en dépendent davantage, ou bien qu’elle se servent de ces capitaux à bas prix pour accroître leurs résultats et réserves. Les deux sont vraisemblables, vu le nombre élevé de banques bénéficiaires.

Le Comité de Bâle poursuit de son côté ses très long travaux à propos des SIFI. Les SIFI ? un nouvel acronyme qui fait fureur dans les cercles très restreints des mégabanques et des régulateurs, pour systemically important financial institutions, une dénomination à laquelle il est possible de préférer super mégabanque, plus imagé.

Les obligations supplémentaires auxquelles ces institutions financières pourraient être contraintes, au-delà de celles qui ont déjà été décidées pour début d’application en 2013, ne sont toujours pas clarifiées. Et pour cause : les super mégabanques résistent de toutes leurs forces pour y échapper. Les retards déjà enregistrés – des décisions auraient déjà du être prises en novembre dernier, selon le mandat initial du G20 – témoignent du poids qu’elles ont dans ces cénacles et amènent à s’interroger sur le respect du nouveau calendrier annoncé, en novembre prochain, comme sur ce qui sera finalement adopté.

La philosophie du Comité de Bâle les concernant est d’augmenter le ratio des obligations de fonds propres de 1 à 3%, en sus du minimum déjà requis de 7%. Un ratio encore plus élevé de fonds propres serait à l’étude, afin de les dissuader de continuer à grossir, ce qui semble très bien parti pour continuer.

La nature de ces contraintes est confondante. Leur intention générale est de faire obstacle la croissance des super mégabanques, car plus elles deviennent grosses, plus il devient inévitable qu’elles bénéficient de la protection de fait des Etats, obligés de les renflouer pour éviter leur chute. Or, on a pu constater que leur taille actuelle les a déjà fait bénéficier de cette couverture ! Peut-on à ce point ignorer que le caractère systémique du système financier a d’autres origines que la taille des banques, mais qu’il résulte de l’enchevêtrement de leurs engagement financiers réciproques ?

Il est vrai que, ne craignant pas de parfois braver la complexité, quitte à la créer, les régulateurs en charge du dossier ont fait part de leurs progrès sur un autre terrain glissant, dont on attend les résultats : ils s’efforcent d’établir les critères caractérisant les établissements SIFI, afin de dresser ensuite la liste de ceux-ci. Un exercice hautement périlleux.

Enfin, une dernière discussion acharnée se poursuit, qui porte sur la définition des fonds propres entrant dans le calcul des ratios. Les Britanniques sont favorables à des actions, les Allemands et les Français aux fameuses CoCos, les obligations convertibles contingentes. Chacun préconise la solution qui lui est la plus favorable.

D’ailleurs, quel sens pourra bien avoir une régulation commune dans un monde bancaire si hétérogène, dont les normes comptables ne sont pas identiques, pour commencer par cela ? Dans cette logique, Ben Bernanke, le président de la Fed, a déjà averti que les banques américaines non systémiques bénéficieraient – en accord avec ses collègues – de « longues périodes de transition » pour la mise en œuvre des modalités de base de Bâle III.

Parmi les histoires exemplaires de la vacuité de la régulation financière qui seront plus tard racontées, les travaux du Comité de Bâle figureront sans nul doute comme un cas d’école au sein d’une sacré pétaudière.

Et les banques centrales dans tout cela ? Au sommet de la pyramide de la finance officielle, pas soumise à un quelconque organisme régulateur, elles sont au fil de leurs discrètes rencontres et de leurs séminaires en pleine période d’introspection, évitant de l’afficher par fidélité à leurs usages les mieux établis. Un banquier central ne doute pas, il réfléchit.

Ayant depuis plusieurs décennies inscrit l’essentiel de leurs activités dans le moule d’une doctrine leur donnant comme mission exclusive de contrôler l’inflation – le reste s’auto-régulant – elles constatent aujourd’hui qu’elles ont du prendre dans l’urgence des dispositions qu’elles n’auraient jamais pensé devoir adopter, comme des achats d’obligations ou d’actifs toxiques. Suivant l’expression consacrée, elles ont résolument « franchi le Rubicon » et craignent de ne pas pouvoir facilement revenir sur la rive qu’elles ont quitté. Avec la crise, leur monde a changé, il va falloir s’y adapter.

Leur mission a été élargie. La Fed s’est vu attribuée par le législateur une nouvelle mission, la supervision du système bancaire, en prenant la tête du Financial Stability Oversight Council. La BCE est entrée dans un dispositif similaire, son président propulsé au sommet de l’European Systemic Risk Board. Enfin, la responsabilité de la régulation a été pour l’essentiel confiée à la Banque d’Angleterre, au détriment du Financial Services Authority (FSA). Le tout ne contribuant pas à accroître la transparence dont se revendiquent les milieux financiers.

Dans ce cadre, de nouveaux instruments, macro-prudentiels, qui viennent s’ajouter aux classiques outils de la politique monétaire, ont été mis à la disposition de la Fed et de la Banque d’Angleterre.

Amenées à étroitement coordonner étroitement leurs actions avec les gouvernements, le sacro-saint mythe de l’indépendance des banques centrales a été mis à mal, au fil des sauvetages des banques ou des achats d’obligations souveraines qu’elles ont opérés. Pour elles, c’est peut-être là le plus grand des dangers, l’opacité étant consubstantielle à leur bon fonctionnement.

Plus royaliste que le Roi – parce que dernière arrivée ? – la BCE résiste le plus à cette nouvelle logique, désireuse sans y parvenir de stopper ses programmes non conventionnels pour revenir à sa mission originelle, la lutte contre l’inflation. Aux Etats-Unis, les républicains souhaiteraient pour leur part que la Fed se concentre sur cette unique mission, pour abandonner celle qui concerne le plein-emploi (avec les résultats que l’on sait).

Mais, même en terrain de connaissance, les banques centrales sont encore confrontées à une situation qui les dépasse. Les mystères de l’inflation importée brouillent les pistes, dont l’origine ne repose pas sur une inadéquation entre hausse du pouvoir d’achat et capacité de production. Leurs propres injections de liquidités dans le système bancaire en sont à l’origine, alimentant une spéculation financière qu’elles amplifient.

Après la croissance sans emploi, voici venu l’inflation sans hausse du pouvoir d’achat ! Cette étrange nouveauté interroge, dans un univers théorique déjà fort malmené. Quelle contribution, dans un monde globalisé, vont bien pouvoir apporter les banques centrales si elles appliquent des stratégies divergentes, l’une favorisant l’inflation, l’autre la combattant ?

Membre du directoire de la BCE, Lorenzo Bini Smaghi s’est voulu rassurant à leur égard: elles ont encore du pain sur la planche. Qui en douterait ? Selon lui, les années à venir seront « aussi difficiles que les précédentes », les banques centrales devront continuer de jouer leur rôle « d’ancres de la stabilité monétaire et financière dans un monde en rapide changement ». Traduisez : elles vont continuer à être irremplaçables, le système financier n’ayant pas retrouvé son équilibre.

Elles vont toutefois devoir affronter un nouvel inconnu, puisque s’il faut en croire les meilleurs auteurs, il est théorisé que non seulement la formation de nouvelles bulles financières est inévitable, mais que leur détection sera très difficile. Ce système a décidément besoin de s’enrober de mystère. Afin sans doute de se prévaloir d’une sorte d’immanence le rendant intouchable.

Quelle mauvaise blague !

47 réponses sur “L'actualité de la crise : QUEL DRÔLE DE MONDE ! par François Leclerc”

  1. Les prévisions de croissance du gouvernement espagnol pour 2011 ( + 1,3 %) et pour 2012 (+ 2,5 %) sont trop optimistes selon le Banco de España, pour qui ça ne sera que de 0,8 % pour cette année et de 1,5 % pour l’année prochaine, dans le meilleur des cas.

    Du coup, le déficit ne sera pas de 6 % cette année et de 4 % en 2012, mais de 6,2 % et de 5,2% . Et le chômage de 20,7% et de 20,4% respectivement.

    http://www.eleconomista.es/economia/noticias/2948393/03/11/El-BdE-preve-que-Espana-crezca-un-08-en-2011-y-un-155-en-2012.html
    http://www.expansion.com/2011/03/30/economia/1301473276.html

    « Las seis grandes dudas que planean sobre la reforma de las cajas de ahorros » (Les 6 grands doutes qui planent sur la reforme des Caisses d’Epargne)
    http://www.libertaddigital.com/economia/las-seis-grandes-dudas-que-planean-sobre-la-reforma-de-las-cajas-de-ahorros-1276418747/

  2. olala
    tant d’énergie pour expliquer un truc simple.
    Les Banques c’est rien du tout .
    Supprimer les Banques svp.
    On s’en fout des magouilles comme eux se foutent de nous.

    Rendre notre argent,JAMAIS ,Impossible ..
    Prendre notre argent .OUI.
    De toute façon ce n’est plus que virtuel ..Ajouter quelques zéros en plus ne coute rien,..

    LE BUT c’est de vous faire croire que sans eux on vaut + rien..

    1. Supprimer les banques ! Qu’est-ce que ça serai bien. Et si on pouvait aussi se passer de MasterCard et de PayPal, quand on voit se qui s’est passer avec WikiLeaks.
      Je viens d’apprendre l’existence d’une monnaie électronique décentralisée appélée BitCoin. Google veut visiblement le rendre disponible sur ses téléphones portables. J’aimerais bien voir comment ça va évoluer tout ça. 🙂

      1. Titan.
        Amusant comme remarque.

        Sais-tu que, en France, les chaines de grande distribution ainsi que les assembleurs automobiles ont créé des banques en filiale..??
        (copie du système américain)

        Gogole recherchant comme tout le monde une maximisation des gains, il peut parfaitement entrer dans la logique bancaire. Il y est déjà par sa « capitalisation », d’ailleurs.

        Hors, il y a deux axes de réflexion importants sur ce coup-là.
        La guerre avec pay-pale peut être comique. Soit, destruction des deux et victoire de celui qui a les reins les plus solides, soit gogole.

        Mais le plus important est qu’il va renforcer le coté virtuel de l’argent.
        Et ça, pour ceux qui touchent couramment des liasses de billets ou des lingots d’or, vous devez savoir comme moi que les psychologues ont tous un point de « crédibilité » qui les gène quelque part…
        ON dira que c’est de la « faute » des patients… Ca élude.

      2. Yvan
        Je pensais surtout aux transactions bancaires et moyens de paiement et pas au crédit. Et pour ce qui est de la suppression des banques, je ne remets pas en cause les services fournis. Ce qui posent un problème c’est la concentration de pouvoir détenu par les banques. L’idée c’est de décentralisé à l’extrême. C’est ce que BitCoin propose dans le cadre du paiement en utilisant le P2P.
        Bitcoin n’appartient pas à Gogole. C’est un système P2P, n’importe qui peut faire tourner un client qui participe à la vie du système en faisant des calculs pour maintenir la cohérence. On peut l’utiliser sur un ordi classique pour faire les mêmes opérations que PayPal sans avoir à faire avec Gogole. Je pense que Gogole cherche juste à ce positionner dans les moyens de paiement avec leur téléphone en portant le client BitCoin sur leur plateforme est en mettant en place un système de communication sans fils courte portée. Un téléphone remplacerai en gros une carte moneo et pour les opérations courantes, la bancaire. A mon avis la guerre avec PayPal pourrait être seulement marketing. On peut reprocher à BitCoin d’être trop opaque et sans contrôle et utilisé par plein de gens pas nettes.

  3. En fait, nous sommes toujours confrontés au même point: Les banques centrales sont incapables de gouverner la monnaie telle qu’elle est émise, car ce non-objet, destiné à circuler et à être thésaurisé en même temps, générera toujours les mêmes conséquences:
    Une accumulation extravagante d’un côté et des dettes croissantes devenant tout simplement non remboursables.
    Si les banques centrales pratiquent le QE désormais généralisé, cela tient au fait qu’elles n’ont absolument plus les moyens d’agir autrement sans risquer des déflations violentes, à cause de la thésaurisation.
    Quant aux critères de Bâle, on n’a pas idée à quel point il s’agit là de peindre la girafe: on s’en fout complètement.
    Car le fond propre de toute banque et de tout le monde est constitué par une seule chose, toujours la même: une monnaie qui circule réellement, comme c’est le cas du SMT que je propose invariablement.

  4. Est-ce que notre monnaie-zombie tiendra jusqu’à l’élection présidentielle ?

    Si elle lâche avant, Marine La Pénible va perdre un gros morceau de son programme : il sera déjà réalisé. Itou pour Mélanchon, peut-être bien (il n’est pas encore officiellement candidat).

    Ondirait qu’il pleut des zombis, si on allait chercher des compétences en Haïti ? Les meilleurs experts en dèche de la planète ! Je sens qu’ils pourront bientôt nous conseiller utilement sur l’art de crever de faim dans la joie et la bonne humeur.

    1. Je ne crois pas avoir entendu Mélanchon prôner la sortie de l’euro. Les seuls commentateurs de la vie politique qui insinuent le contraire sont ceux qui s’ingénient à faire le rapprochement – douteux – entre l’extrême gauche et l’extrême droite pour disqualifier la première.

      1. OK, boulette, j’ai fait une extension hâtive de la « sortie du traité de Lisbonne » qui est bien au programme du PG. Loin de moi l’idée de vouloir faire du tort à JLM : je risque d’avoir à voter pour lui s’il se retrouve au 2ème tour face à Sarko ou MLP.

      2. Mélenchon Julien, ça fait un paquet de fois que je lis Mélanchon sur le blog et ça insiste, c’est comme language à la place de langage. Language je sais pourquoi, mais Mélanchon je n’ai pas trouvé. Les faustes n’ont rien à faire avec Mélanchthon (philippe). Désolé de l’intrusion, sans doute l’effet du Sorgho rouge sur Arte !

      3. Bien vu Rosebud ! Mélanchon, Mélenchon, mélangeons, il en restera toujours quelque chose. Inconsciemment, c’était probablement ma façon de me distancier du personnage que je ne défends que par principe.

      4. Non Julien, tu le défends ici par honnêteté intellectuelle, et c’est encore mieux !

      5. C’est en effet un personnage qui joue son rôle sur le théâtre politique, mais vous avez bien fait de rectifier le coté programme. Les personnages passent, les enjeux de programme restent.

      6. Effectivement, Mélenchon ne prône pas la sortie de l’euro. S’il fallait trouver un argument pour prouver l’incohérence du personnage, celui-là suffirait.
        C’est une tragédie de voir la gauche antilibérale entre les mains de ce manipulateur à la Besson.
        Il ira rejoindre la distribution de soupe au PS dès qu’il aura fini sa mission, qui consiste simplement à empêcher le développement du NPA.

      7. @sakhaline

        Le NPA se débrouille très bien tout seul pour se marginaliser. Il n’a en tout cas pas réussi bien longtemps à m’écarter de la vérité jacobine…

  5. étroitement ô combien… « Amenées à étroitement coordonner étroitement »
    quelle patience à suivre ces goulots d’étranglement alors que tout fuit tout déborde, alors que le  » banquier central ne doute pas, il réfléchit »…

     » Quand on est dans la merde jusqu’au cou, il ne reste plus qu’à chanter. « 

    Samuel Beckett

    1. @roma

      L’occurence Beckett tend à pointer son nez, incidemment, subrepticement , en sourdine l’habitude viendra. J’en parlais justement à Crapaud qui prend les chants des emmerdés pour des barcaroles de « beaux jours »…

  6. I’ve seen bucks of green
    junk bonds to
    I see ’em grow
    for me but not you
    And I said to myself
    wath a wonderfull world

  7. Emmanuel Todd parlait de la sortie de l’euro ce matin à France Inter.
    Sans qu’il soit lui-même partisan de cette sortie,. Bref, je suppose que son discours est connu ici, il a l’apparence de la franchise, et d’appeler un chat un chat. Tout en déplaçant le point de focalisation loin dans l’histoire et dans la société…

    1. On peut réécouter Todd Ici et (la deuxième partie vaut surtout pour écouter Guetta trépigner sur sa chaise, un grand moment radiophonique)

      Le raisonnement est assez juste avec une grosse exception, Todd continue à croire que les élites agissent dans l’intérêt général. L’euro, l’UE deviennent des questions secondaires ce qu’il faut c’est « ramener les élites [pas plus de précision] à la raison« .

      Le prend l’oseille et tire toi (variante: « Je fais président pendant 5-10 ans et après je monte ma boîte de consulting et je vis de mes rentes« ) me semble plus pertinent que l’égarement pour décrire la situation actuelle.

      C’est peut être de l’optimisme ?

      1. Todd continue à croire que les élites agissent dans l’intérêt général. l

        Non, il reconnait qu’elles ne défendent pour l’instant que leurs intérêts propres mais il espère qu’une majorité de nos dirigeants se reprendra. Il y eut des époques pas si lointaines ou prend l’oseille et tire toi n’était pas leur philosophie. Cela peut se reproduire.

    2. @timiota: « Sans qu’il soit lui-même partisan de cette sortie,. »

      J’avais plutôt compris en l’écoutant et en le lisant (c’est un de mes auteurs préférés avec Paul et Lordon) qu’il y était favorable. Du moins, il en voyait l’inéluctabilité avec l’euro sous sa forme actuelle, avec des économies aussi disparates et sans mécanisme de ré-équilibrage intra-européen.

  8. Hello Francois, les chiffres parlent, Robert Peston fait l’ addition pour les seules banques irlandaises

    The unbelievable truth about Ireland and its banks

    « Ireland’s central bank and new government will confirm on Thursday that the hole in the country’s banks is even wider, deeper and darker than seemed to be the case last November, when those bust banks forced the country to go with a begging bowl to the European Central Bank (ECB) and the International Monetary Fund (IMF) for 67.5bn euros (£59bn) of rescue loans.

    Regulators at the Irish central bank have conducted a review of how much extra capital – as a buffer against future losses – is required by Bank of Ireland, Allied Irish Bank, EBS and Irish Life and Permanent.

    Unless something unexpected happens in the next 24 hours, the total amount of additional capital that will need to be injected into these banks will be a bit less than 35bn euros – including 8bn euros that was supposed to be injected into them at the end of February, but was postponed because of Ireland’s political turmoil.

    Anyway, let’s assume that the total amount extra that these banks need is circa 30bn euros. That would take the total quantity of state investment in Ireland banks to a breathtaking 75bn euros (actually a tiny bit more than that).

    That is an almost unbelievably large number. When I think about it, I have a small panic attack – because it represents 45% of Ireland’s GDP and 55% of its GNP…. »

    http://www.bbc.co.uk/blogs/thereporters/robertpeston/2011/03/the_unbelievable_truth_about_i.html

      1. Merci Roma pour ce lien . Et l’article suivant : » Irlande, les prémisses du carnage  » avec les résultats pour ce soir .
        En résumé :

        …Selon le Guardian, le gouvernement devrait annoncer la nationalisation de AIB. Quant au sort de EBS, The Irish Independent cite des sources gouvernementales qui évoqueraient une fusion entre AIB et EBS après vente des actifs pourris. Les conditions de la liquidation de Anglo sont également attendues.

        Au total, le cout du sauvetage des banques irlandaises pourrait se chiffrer à plus de 200 milliards d’euros.

        Les cotations de Bank Of Ireland, AIB, et IL&P sont suspendues toute la journée en prévision des stress-test. …
        Les résultats officiels seront annoncé à 17h30 (heure de Paris) par la banque centrale d’Irlande.

        Conséquences prévisibles ?

      2. Mianne, les v’la, les conséquences :
        http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/03/31/euro-enfin-le-reglement-de-copropriete_1501164_3232.html

        Ce qui est amusant dans cette période est que le nucléaire est trop sérieux pour être jugé par le peuple, l’économie trop sérieuse pour être pilotée par les politiques, la vie des humains trop importante pour qu’ils n’aient pas besoin de psychologues, etc, etc, etc…

        Chiche que je me range dans la catégorie des acteurs passifs.
        Ou des responsables mais non coupables.

        Je suis en tout cas pro-actif.

    1. Les Portugais sont convaincus qu’un sauvetage serait encore pire et ne veulent pas encore s’y résigner. S’y mêlent des considérations politiques du PS et du PSD, qui devrait lui succéder au pouvoir.

      1. le Portugal:
        pour sauver leur pays, la meilleure solution pour eux, la moins coûteuse pour eux et nous tous, ce serait un moratoire assorti d’une sortie de l’Euro.
        Après un moratoire de deux années et un retour à la monnaie nationale, avec une croissance interne à la clé pendant deux ans (comme l’Islande dernièrement et comme l’Argentine il y a dix ans), le Portugal pourra, ensuite, reprendre des négociations sur la façon de reprendre une partie des remboursements dus.
        Bien sûr, cela coûtera la chemise aux créanciers, mais le refinancement tel qu’il est proposé par les Européens serait dans tous les cas beaucoup plus coûteux, pour le Portugal et aussi pour les prêteurs. Il reste qu’un,e restructuration des dettes viendra de toute façon, nécessairement. Alors, choisissons la voie la moins coûteuse. En clair: celle qui donne le moins aux plus riches…

    2. « Portugal : taux des obligations à 5 ans : 9,132 %.
      Portugal : taux des obligations à 10 ans : 8,101 %. »

      C’est pas ce qu’on appelle une inversion des taux ?

      1. en principe quand la durée d’emprunt augmente, le risque est majoré donc les taux montent. Pourquoi cette inversion ? Comment l’expliquer ? Les prêteurs ne s’inquiètent pas de la permanence du Portugal mais de son avenir proche ?

  9. En Espagne , la dégringolade continue:

    Plus de 350 000 familles vont perdre leur appartement dans les prochaines cinq années.

    http://lacartadelabolsa.com/leer/articulo/mas_de_350.000_familias_perderan_su_vivienda_en_los_proximos_anos

    Pour le 8e mois consécutif les ventes au détail chutent : en février de 4,5 % par rapport à février de 2010 (celles des produits alimentaires de 3,2%, le reste de 5,8%).

    http://www.eleconomista.es/economia/noticias/2948144/03/11/Las-ventas-al-por-menor-caen-un-45-en-febrero-y-acumulan-ocho-meses-de-bajadas.html

    Quant aux ventes de voitures la chute a été ce mois-ci de 30 % (chez les particuliers de 48,8 %).

    http://lacartadelabolsa.com/leer/articulo/ventas_coches_espana_caen_en_torno_a_30_en_marzo_faconauto

    Sur le prix des appartements, deux cas réels:
    -un dont le prix est de 450 000 € une semaine après est vendu 300 000 €.
    -un autre dont le prix initial est de 420 000 € un mois après il est vendu à 220 000 €.

    http://lacartadelabolsa.com/leer/articulo/mas_vivienda

    Les Autonomies et les municipalités doivent à l’État espagnol 30 Mds d’euros.

    http://lacartadelabolsa.com/leer/articulo/espana_regiones_y_ayuntamientos_deben_30.000_millones

  10. Christian Saint -Etienne vient de publier une édition remaniée de son ouvrage « La fin de l’euro ». (François Bourrin Editeur)
    Il présente un scénario intéressant de sortie de l’Allemagne et de reconfiguration de la zone. Il reste que cet auteur continue à raisonner dans le cadre de la pensée dominante.

    1. Ce scénario n’est pas nouveau.Il parait plausible, le problème est de savoir comment configurer la zone euro et avec qui?
      Nul n’ignore que la zone euro idéale pour Berlin comporte outre l’Allemagne, l’Autriche, les pays scandinaves et les Pays-Bas, mais cette zone « reconfigurée » peut-elle se passer de la France et la Suède ou le Danemark sont-ils prêts à abandonner leur indépendance monétaire.On ne parle jamais en France du « modèle suédois », voilà une économie en bonne santé qui a su faire sa dévaluation à temps, qui n’est pas entrée dans la zone euro, qui n’a pas autorisé la titrisation, qui a puissamment réformer son appareil étatique etc.

  11. Quel drôle de monde en effet que cette planète financière qui dispute la réalité au monde réel des humains. La finance est désormais dans un ailleurs quantique capable au même instant d’afficher plusieurs états différents selon l’intérêt particulier de tout observateur qui cherche à qualifier son observation. Mais la planète financière se voyant plus réelle que le réel humain dans laquelle elle évolue imagine déterminer plus fortement les humains que les humains ne la déterminent. Comme si la matière quantique pensait que le monde matériel qu’elle matérialise était dans la même existence d’improbabilité que son essence quantique.

    Ainsi en va-t-il de la liquidité qui obsède les acteurs financiers mais dont la réalité est propre à chaque opérateur selon le rôle joué, la place occupée, le référentiel utilisé et l’équilibre interne des intérêts particuliers. Chaque individu est divisé en lui-même entre son humanité et son intérêt financier propre. Un dirigeant d’un établissement privé ou d’un portefeuille rémunéré en bonus et stock-options est obligé de faire de la plus-value indépendamment de la valeur réelle de ses actifs et de la confiance de ses créanciers. La liquidité ne peut être que la plus-value distribuable. Un gestionnaire du bien public dont les ressources fiscales s’amoindrissent et dont le pouvoir dépend du financement de son budget par l’emprunt est obligé de cacher ses dépenses réelles et de montrer ses ressources supposées pour afficher les comptes de sa solvabilité.

    Le banquier central se retrouve lui totalement écartelé entre des réalités différentes et disjointes sous le vocable de liquidité. Officiellement les banques centrales font la liquidité de la monnaie. Cette liquidité est nominalement la stabilité des prix, accessoirement la fluidité des transactions et officieusement la croissance économique. Entre les prix qui entrent dans l’objectif de stabilité monétaire, ceux qui traduisent la bonne circulation de la monnaie et ceux qui mesurent la croissance, le jugement du banquier central sur l’état de la monnaie est quantique : les prix sont stables dans l’inflation déflationniste ; la monnaie circule dans un marché interbancaire gelé ; et la croissance repart sans créer de richesse.

    Ne faudrait-il pas recréer une finance réelle à coté de la finance virtuelle, celle qui enferme dans ses modèles la réalité humaine qui la dépasse ? Cela s’appelle changer de paradigme. Mais il faut que les hommes décident de croire qu’ils sont au-dessus de la finance ; qu’ils en sont la finalité et non le marche-pied.

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